On dit que les sorcières des Pyrénées sont les plus grandes de tous les temps, et que toutes les autres ne sont que de pauvres imitations de celles-ci. On dit que les sorcières pyrénéennes furent les premières d'Occident, qu'elles inventèrent les sabbats, qu'elles furent les premières à adorer le diable sous la forme d'un bouc, qu'avant les autres elles se transformèrent en chats noirs, découvrirent le vol à califourchon sur balai. Et qu'elles furent, bien sûr, les pionnières de toutes celles qui échouèrent sur les bûchers.
On dit que ces sorcières des Pyrénées étaient, au départ, bonnes, bienveillantes, charitables et serviables. On dit qu'elles soignaient tous les maux, fictifs ou réels. Qu'elles connaissaient la Nature et ses secrets. Qu'il n'y avait pour elles pas de mystère dans cette grande pharmacie constituée par la flore pyrénéenne… Qu'elles étaient de vrais oracles, des demi-déesses divinisées, des êtres indispensables à leur communauté…
Mais on dit aussi qu'elles étaient méchantes, sauvages, nocives. Qu'elles provoquaient de terribles tempêtes qui ravageaient les champs. Qu'elles faisaient périr le bétail pour le plaisir de nuire. Qu'elles tuaient des enfants qu'elles mangeaient ensuite avidement. Qu'elles brisaient des couples, haïssaient la chasteté et favorisaient l'adultère.
Cela dit, que sait-on vraiment des sorcières ? En fait, on a beau retourner le problème dans tous les sens, pas grand-chose. Mais il y a les légendes, auxquelles s'ajoutent d'autres légendes